Une nuit ailleurs
Alexane me demande "Maman, pourquoi, vous les adultes, vous n'allez jamais dormir chez un ami ?".
C'est vrai ça, tiens. Quelle bonne question ma fille !
Les dernières fois où je suis allée dormir chez un(e) ami(e), en tant qu'adulte je veux dire, c'est que j'étais en visite. En vacances, dans une ville autre que Montréal. Par intêret touristique donc, mais pas "pour rien", comme mes filles le font quand elles vont dormir une nuit chez l'amie qu'elles ont vue toute la journée et qu'elles verront de la même manière le lendemain. Et même à Montréal, où je ne suis pas -toujours- un bel exemple de sobriété, jamais je ne suis restée dormir "tiens pourquoi tu ne resterais pas ce soir".
Je me souviens pourtant combien j'adorais aller dormir ailleurs. Cette échappée belle dans la routine familiale, avec le statut, le temps d'un soir, de "l'invitée" avec les privilèges associés non négligeables (pas obligée de mettre la table, ni de la débarrasser, ni mettre -ni sortir- la vaisselle du lave-vaisselle - rien que ça, ça valait le déplacement!). On découvrait une autre logique familiale, le bain avant ou après le repas, le dentrifrice d'une autre marque, d'un autre parfum, des plats cuisinés, présentés différemment, les frères et les soeurs autre que mes trois frères autour de la table. Ou encore, plus étrange, pas de frère ni de soeur (vide curieux qui me faisait à chaque fois plaindre tout bas ma copine fille unique).
Il y avait la soirée aussi, forcément spéciale. A dormir sur un matelas par-terre dans la chambre de la copine ou bien dans le lit de la copine, si elle poussait mon statut d'invitée jusqu'à cet ultime privilège (j'ai même eu droit, une fois, quelle idée étrange, quel concept inepte quand on est enfant, à la "chambre d'amis" - j'ai moins aimé je dois l'admettre). Une soirée où l'on pouvait regarder la TV à point d'heure. Ou papotter dans le noir, tard, très tard, sans se faire - trop- gronder. "Dis, tu dors ?"...
Alors voilà, suite à la question de ma fille, je lance un appel à vous, amis lecteurs résidents de Montréal. Invitez-moi pour une soirée spéciale. Sans aucune raison que celle de "ce soir, mes filles, j'ai l'goût de dormir chez une copine. Dis Alexane, est-ce que je peux appeler Machine pour lui demander si elle est d'accord".
J'attends.