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Le Blog de CL
8 juin 2009

Visions d’apocalypse

Je n’ai jamais rien écrit sous la dictée des dieux, mais il m’est arrivé de crier.
[Eric Chevillard]


Mes deux dernières lectures ont, étrange coïncidence, des points de similitudes rares. Deux romans d’anticipation, l’un écrit par une des (la?) plus grande écrivaine canadienne actuelle, Margaret Atwood et l’autre par le français Pierre Bordage. « La servante écarlate », publiée en 1985, pour la première et « L’ange de l’abîme » (2004) pour le second.

Deux dystopies, ce type de récit qui propose une vision post-apocalyptique de notre monde, un chemin d’évolution possible, sinon probable. La dystopie, aussi appelée contre-utopie, est un genre de la littérature d’anticipation qui s’oppose, comme son nom l’indique, à une vision utopique du monde.

C’est un genre que j’affectionne, que j’ai découvert lors de lecture de bouquins comme « Le Meilleur des Mondes » d'Aldous Huxley, « 1984 » de George Orwell, « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury, « Ravage » de Barjavel, « Les Monades urbaines »de Robert Silverberg, « Neuromancien » de William Gibson ou encore « Tous à Zanzibar » de John Runner (la liste serait bien plus longue…).


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« La servante écarlate » décrit la société américaine dans un avenir proche, un monde ultra-conservateur, où la fécondité a chuté dramatiquement et où le rôle de la femme se retrouve axé sur cet unique objectif, la reproduction. Le pays est gouverné par les Commandants. Les Epouses tiennent les maisons, où les Marthas sont des bonnes, tandis que les Servantes écarlates, comme la narratrice, sont chargées d’assurer la descendance. La vision proposée est celle d’une société aseptisée, rigoureuse, à la 1984. Où les libertés individuelles sont brimées au nom du bien collectif.

« L’ange de l’abîme » dans un autre style est aussi un livre dérangeant, dont on ne sait s’extraire et qui ne garantit pas de douces nuits. Bordage, lui,  raconte  l’escalade post- 11 septembre 2001, dans une Europe coupée en deux, néo-guerre de religion, qui oppose l’Europe de l’Ouest, tenue par des milices chrétiennes dévouées à l’Archange Michel à une Europe de l’Est tombée dans un extrémisme musulman, menant un Jihad sanglant ( «Comme si Dieu n’était qu’une excuse à la haine» ). Les héros, une jeune fille et un garçon plus jeune encore, traversent cette Europe à la recherche du fameux Archange Michel.

Ironie du timing, "La servante écarlate" a été au sein d’une controverse très récente (en janvier 2009) au Canada, à Toronto, dans la ville même où habite Atwood, double ironie. Il est accusé par un parent d'élève d'être violent, dépravé et tout à la fois anti-chrétien et anti-islamiste. Il est par ailleurs black-listé dans les universités du Texas... (édifiant d'ailleurs de voir le nombre de livres "bannis" dans ce pays des libertés....)

Quant à "l’Ange des abîmes", il suffit juste d’allumer la TV ... et déjà on tremble.


---------- Citations extraites des livres --------------


-- "La servante écarlate", Margaret Atwood

[Ô Dieu] tu pourrais leur fournir un Paradis. Nous avons besoin de Toi pour cela. L’Enfer, nous pouvons nous le fabriquer nous-mêmes.


La Nature exige la variété, pour les hommes. C’est logique, cela fait partie de la stratégie de la procréation. C’est le dessein de la Nature. [...] Les femmes savent cela d’instinct. Pourquoi achetaient-elles tant de vêtements différents, dans l’ancien temps ? Pour donner l’illusion aux hommes qu’elles étaient plusieurs femmes différentes. Tous les jour, une femme nouvelle.


-- "L’Ange de l’Abîme", Pierre Bordage

Le vice se tient toujours dans l’ombre de la vertu.


Il avait découvert cette loi géographique et humaine qui veut que plus on s’approche des cimes et plus on frôle les abîmes. Et aussi que l’air des sommets est nettement plus grisant que celui des mornes plaines.


- Faut juste arrêter de croire que le monde se limite à ce que captent les sens. Certains hommes à l’esprit curieux ont passé leur vie à démontrer que la matière est constituée d’ondes, de vibrations. Ils auraient affirmé que je suis reliée à ton onde. D’autres diraient que je suis connectée à ton moi profond, à ton essence. Quoique tu fasses, tu émets une note dans le choeur de la Création. Une note unique reconnaissable entre toutes. Il me suffit de rester à son écoute pour remonter ta piste.


Il ne voulait pas qu’elle sorte de sa vie. Un jour pourtant, elle se tirerait parce que « chacun doit descendre seul dans les abîmes de son âme, chacun doit apprendre à se dresser vers les cieux sans autre soutien que ses propres racines ». Il ne comprenait pas toujours le sens de ses paroles, et pourtant elles éveillaient un écho au plus profond de lui.


L’absence n’est qu’une expression comme une autre de l’être.


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