L'oubli

Dimanche après-midi, nous partons en famille pour la station de ski où les filles ont leur cours hebdomadaire, de ski pour Héloïse et de snowboard pour Alexane, pendant que Mon Mec et moi en profitons pour nous faire quelques descentes en amoureux. Le soleil brille, la température est idoine pour ce genre d'activité (-6C), pas un nuage à l'horizon.

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Après 40 mn de route, nous sommes presque arrivés. Alexane, derrière moi, me demande de regarder son genou qui lui fait un peu mal. Je me retourne, regarde son genou et :

- Mais mais MAIS ?! ALEXANEUHHHHHHHHHHHHH !

Regard étonné de ma fille.
Qui ensuite regarde ce que je regarde.
Puis qui comprend ce que je comprends.
Et qui s'aggrandit démesurément face à l'ÉNOOOOOOOOOOOOOOORMITÉ de la chose.

Car Alexane, ma douce et exaspérante Alexane, dont on est en droit décemment de se demander si cet acte manqué n'est pas qu'une sombre histoire de vengeance pour son monstre de mère, Alexane donc N'A PAS SON PANTALON DE NEIGE. Elle a un cours de ski dans moins d'un 1/4h et son pantalon de neige est à Montréal...

- ...

Les mots lui manquent, et pour ma militante syndicaliste préférée, ceci est LE signe d'un gloops aussi profond qu'horrifié.

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Perso, je ne sais même plus quoi dire. Quant à Mon Mec, il n'a pas mieux qu'un "ALEXANEUH" aussi découragé et ulcéré que le mien. Et elle, tassée dans son siège, fait quand même pitié à voir (hé oui... est-on faible tout de même comme parent...). Je la regarde, pauvre petite chose qui ne sait plus quoi faire ni quoi dire pour justifier la malheureuse boulette. Je n'ai même pas l'envie de lui rappeler que bon, en début de semaine aussi, elle nous a déjà fait le coup, que ce serait bien qu'elle finisse par apprendre, bla bla bla.... Je pense surtout à ce cartoon, qui résume (trop) bien la situation :

Et, avec toute l'abnégation dont je ne me croyais même pas capable, je lui passe mon propre pantalon. Devant les regards éperdus d'amour, de reconnaissance éternelle et de confusion mêlés de ma fille, je me sens héroïque, digne de la Plus Prestigieuse Décoration de la Manman la Plusse Méritante. Quand elle recouvre la parole, c'est pour répéter ad nauseam "Je suis désolée. Je suis désolée. Je suis désolée".

Ce n'est que plus tard, pendant l'heure et demi à glander dans l'unique pavillon du centre, entre le micro magasin de sport, la salle commune infernale et assourdissante parfumée à la frite et le bar où hurlent trop de TVs qui retransmettent le Super Bowl, le tout fringuée comme un sac avec le pantalon-minable-mais-confortable-et-chaud-on-s-en-fout-il-est-sous-le-pantaln-de-ski-on-le-voit-pas que je la maudis quand même un peu.

Parce que bon. L'abnégation, je veux bien. Mais le stoïcisme, j'ai pas encore atteint ce niveau.

************** Image irréprochable de bonheur familial - Please, try again **************