Un blog ? Sans blague !

Parmi les nombreuses réactions qui ont fait suite à mon annonce de blog, celle qui a été parmi les plus communes a été «Pourquoi un blog ? Ça sert à quoi ?». Si «servir» est à prendre au sens de «être utile à quelque chose» la réponse est sans doute «à rien». Pour vous, s’entend.

Car de mon point de vue, ce blog m’apporte des tas de choses, dont une, non des moindres, qui est l’exploration de ce monde particulier qu’est la blogosphère. Ce supermarché de l'écriture, où l’on découvre que les lecteurs sont majoritairement d’autres blogueurs. Ça fait un peu philatélie dit comme ça, et il y a peut-être un peu de ça d’ailleurs. On se ballade, on compare nos plateformes, nos billets, on se lit et on se commente – entre gens du même monde. Entre gens qui ont décidé de laisser des traces, de lâcher des mots sans se soucier de savoir sur quel écran ils seront lus, ni même s'ils seront lus d'ailleurs. Des mots pour rien.

Ainsi, récemment, en me blogo-balladant, je suis tombée sur, ô surprise,  le blog de Eric Chevillard. J’ignorais que cet écrivain bloguait. J’avais juste lu deux de ses bouquins, «Préhistoire» et «Le caoutchouc décidément». Un style inimitable, avec lequel il dépeint des univers à la limite du loufoque, où la logique, à force d’être implacable, en devient absurde... et à mourir de rire.

Pour vous donner une idée, lisez les premières pages de «La nébuleuse du crabe» ou ci-dessous, quelques citations extraites de son blog.

Après ça, qu’on ne vienne plus me dire que tout ça ne sert à rien.

Je ne suis pas collectionneur mais il y a dans ma bibliothèque quelques livres fort rares et que bien peu de personnes possèdent. Je me flatte en outre de les avoir écrits.

Ce que les otaries essaient de nous dire depuis des lustres en remuant si comiquement la tête, c’est qu’elles sont en réalité des sirènes mazoutées.

C’est un de ces prêtres un peu gras, toujours emmitouflé, jouissant des services d’un organiste virtuose et d’une petite bonne malicieuse, dont on se demande ce qu’il peut bien attendre de plus du royaume des cieux.

Mais le plus triste, c’est qu’on ne peut même pas qualifier de précoce ma calvitie naissante.

Oh ! merci, merci, très joli, quelle folie, il ne fallait pas, il fallait d’autant moins que votre cadeau m’encombre, quoi faire de ça, où le mettre, quel ennui, je n’en voulais pas, ma vie me convenait, à présent il y a ça dedans, cette chose qui s’en mêle, qui s’y incruste, quelle contrariété, quelle catastrophe !

On a tôt fait de repérer les célébrités en tout genre nées la même année que soi. De la plupart, il est accablant de penser qu’elles seront jusqu’au bout inéluctablement nos contemporaines.