Faith in humanity : restored

Parfois, je lis trop les journaux. Alors, je me laisse submerger par un mépris, une révulsion, pire qu'une simple misanthropie, pour le genre humain. Parfois, j'ai peur, si peur de ce dont l'homme est capable. De la capacité qu'ont certains à oublier leur humanité, à être mauvais. Mais si, mais tellement mauvais (dépecer un semblable, torturer sa propre fille, tirer sur son peuple...) que même l'envisager me révulse. Envie de me cacher quelque part, ne plus cotoyer le genre humain. Même mes amis, dans ces périodes de crise, me semblent suspects et questionnables. Dans ces moments-là, l'idée de l'île déserte - voire même du cataclysme atomique - me parait enviable...

Je m'interroge alors sur la violence de mes réactions. Est-ce que je fuis "juste" la violence de (certains de mes) contemporains ou bien est-ce que leur violence, leur haine et leur perversité ne font pas justement écho aux miennes et ne me rendent-elles pas insupportable - voire suspecte - à moi-même ?

Je relis alors cette citation de Dostoïveski, extraite d'un billet sur la misanthropie  justement, en juste écho à la mienne :

« J’aime l’humanité, mais, à ma grande surprise, plus j’aime l’humanité en général, moins j’aime les gens en particulier, comme individus. J’ai plus d’une fois rêvé passionnément de servir l’humanité, et peut être fussé-je vraiment monté au calvaire pour mes semblables, s’il l’avait fallu, alors que je ne puis vivre avec personne deux jours de suite dans la même chambre, je le sais par expérience. Dès que je sens quelqu’un près de moi, sa personnalité opprime mon amour propre et gêne ma liberté. En vingt quatre heures je puis même prendre en grippe les meilleures gens : L’un parce qu’il reste trop longtemps à table, un autre parce qu’il est enrhumé et ne fait qu’éternuer. Je deviens l’ennemi des hommes dès que je suis en contact avec eux. En revanche, invariablement, plus je déteste les gens en particulier, plus je brûle d’amour pour l’humanité en général. »

Puis me demande si je suis capable de cet humanisme ? D'être bienveillante pour cet ensemble flou que représentent "les hommes" plûtot que de les déstester tous. Tous autant qu'ils sont ?

Puis, allez savoir pourquoi, un site à la con et son florilège de Top 10 pour ceci, Top 20 contre cela et hop, je reprends foi en l'Homme.

Jusqu'à la prochaine fois...

Comments

[Florie]

tu vois, c'est le genre de réflexion que je me fais aussi. Je me suis rendue compte en vieillissant que chaque être humain a du bon et du méchant en lui; suffit de ne pas se laisser envahir par le méchant, ce qui n'est pas toujours facile selon les évènements de la vie.



J'aimerais penser que tous les hommes naissent bon mais quelques fois on arrive à en douter quand on entend les histoires d'horreur aux nouvelles. Disons que je fuis de plus en plus les chaines sensationnalistes.



et je regarde mes petits-enfants; ça me remplit le coeur de joie mais en même temps je m'inquiète pour eux.



et pourtant la vie c'est ça: amour, haine, tendresse, violence, des moments merveilleux et d'autres où on est malheureux. L'essentiel c'est de savoir reconnaître les moments heureux et d'en profiter au maximum.



Des fois, j'envie les gens qui ne se posent pas de questions.

[georges1311]

Les hommes peuvent en effet être détestables à vouloir les tuer, ou bien aimables et bons à les aimer sans limite. Mais l'actualité diffusée par les médias nous présente malheureusement plus souvent le côté détestable de l'humanité que son côté aimable. Alors, comme toi, il m'arrive aussi d'avoir ce recul et ses soupçons de détestabilité envers les autres qui me fait apprécier de vivre loin d'eux . Mais je me dis aussi que tous les hommes ne sont pas des brutes ou des monstres, mais que la société dans laquelle nous vivons doit se protéger des plus fous et des plus sanguinaires. Et dans ces moments là, il me vient des doutes sur la capacité des bons à se protéger des mauvais, et sur la justice à faire respecter l'humanité aimable contre les inhumains.

Alors nous devons vivre avec, et ne pas devenir comme ceux que nous détestons