De l'incertitude sémantique
L'autre jour, dans la rue, on m'interpelle :
- Mademoiselle, vous êtes allemande ?
- Heu... non. Pourquoi ?
- Ah. Parce que j'avais l'impression que vous étiez allemande.
- ... (<--- *** bruit discret de déglution salivaire ***)
C'est à ce genre de phrase qu'on réalise que la tolérance est une notion bien abstraite que l'on tente vainement d'inculquer à ses gamins sans la maîtriser pleinement soi-même. Parce que, allez, avouons-le, faute avouée est à moitié pardonnée, bla bla bla, avouons-le donc, je l'ai mal pris...
Revoyons la scène au ralenti :
- Maaaaa-deeeee-moiii-sellllllllle, vouuuuuuuus êeeeeeeeeeeteeeeees alleeeeeeee-maaaaaaaaaan-deeeeeeeeuh ?
4 mots donc.
2 que je juge neutres ("vous", "êtes").
1 mot éminemment positif, "Mademoiselle". Il aurait pu dire Madame, mais non, il a dit "Mademoiselle".
Et 1 mot... heu.... ben ... mettons que .... c'est là qu'on réalise les méfaits non encore absorbés de la combinaison de deux guerres mondiales et de l'invasion annuelle et estivale de créatures poilues et chaussées de Birkenstock sur les plages du Sud...
Sérieux, tel le raciste moyen qui assume pas, je me suis dit "Mais nooooon, t'es pas raciste. Tu as même UN copain allemand, hein" (genre "Mouloud, c'est pas pareil"....). Bref, j'essaye depuis 4 jours que ce facheux événement m'est arrivé de trouver, en toute sérénité-mais-pourquoiiii-moiiiiiii, une raison positive à cette injonction étonnante.
Et de me dire que, d'un point de vue purement sémantique, cette phrase est somme toute nulle (+1 +0 +0 -1=0). Mais, je l'avoue, j'ai du mal....
[d'un autre coté, j'ai mis ce post dans la catégorie "Le connard du jour". Ce qui donne en quelque sorte un élément de réponse. Voire, la réponse]