Samedi, c'est ramadan

Le week-end dernier, Kathy, une nouvelle petite voisine récemment installée à 3 maisons de chez nous, est venue jouer à la maison. Midi arrive, et je commence à préparer le repas. J'appelle les filles pour qu'elles viennent mettre la table.

Alexane débarque "Maman ! Kathy elle ne mange pas. A cause de sa religion".
- Ah. Elle fait le ramadan ? (je me sens gourde soudain dans ma cuisine en train de couper du jambon - en plus).
- Oui, c'est ça,

Je suis un peu embêtée par les effluves d'oeufs sur le plat et de pain grillé qui flottent dans la maison. Je monte voir Kathy et lui explique que, si elle préfère, elle peut revenir après le repas pour jouer. "Non non, je vais rester jouer dans la chambre des filles". Alexane s'inquiète "Mais t'as pas faim ?!". "Non, il suffit de penser à autre chose, de jouer et ça passe".

A table, Alexane est pensive. Elle déclare "J'aimerais bien faire le ramadan moi aussi. Si on essayait une journée ?".

Là je me marre. Car mon Alexane est un estomac sur pattes, une grande tige qui ne cesse de pousser, un puits sans fond dont le refrain entre 2 repas est "Maman, j'ai faiiiiiim". Pour qui il est inutile de répondre "T'avais qu'à mieux manger à table" parce que à table, on l'a déjà reservie 2 fois et il ne restait plus rien dans son assiette (ni dans la casserole pour la resservir une 3ème fois).

En tout cas, je trouve l'idée somme toute généreuse et empreinte d'une saine curiosité et puis, admettons-le, ce serait quand même bête de rater une si belle occasion de passer une journée sans cuisiner. J'abonde donc dans son sens "Super idée ma fille ! Allez, samedi prochain, on fait le ramadan !". Héloïse est d'accord "Moi aussi, moi aussi". Je lui rappelle au passage, qu'avec elle, c'est ramadan tous les jour (Ah, le leitmotiv quotidien et usant du "Héloïse, mange!!!" "Nan, j'aime paaaaaas"...).

Sur ce, Alexane se jette sur son repas. Dans l'après-midi ("Maman, j'ai faiiiim"), je lui rappelle son idée. "Samedi c'est ramadan, tu te souviens. Il ne faudra pas manger dans la journée".  Elle me regarde, plus trop sûre du bien-fondé de la chose. "Heu, chai pas si je vais être capable...".

Et là, mon Héloïse, confirmant à nouveau que l'ironie passe mal chez les adultes de moins de 6 ans et ayant pris ma remarque pour un compliment, de déclarer fièrement "Moi, je vais être capable! Je le fais même tous les jours, c'est maman qui l'a dit !".

Affaire à suivre.