Pécho au pieu

Un vendredi soir de juin. Les filles dorment et, avec mon Mec, nous lisons au lit. La lecture dérive vers des contrées plus ... appliquée et exultantes. On plonge sous la couette, des baisers et des mains. Quelques soupirs aussi. Mon Mec s'arrète tout à coup "Les filles t'appellent !". Le temps d'émerger de dessous la couette, ce qui me rappelle d'ailleurs une vieille pub pour la 106,  et on découvre ... la tête de nos deux p'tits anges dans l'entrebaillement de la porte... Gloops...

 - Heu... ça va, maman ?

Mon Mec rigole. Moi aussi, sous la rougeur des joues qui s'intensifie un peu plus. Nous voici donc en plein dans la situation délicate du "on s'est fait pécho au pieu par nos nains" ! Damned. Je réalise que je ne me suis jamais renseignée sur l'attitude à adopter en pareille situation afin d'éviter tout potentiel effet post-traumatique ("faites des enfants, k'y disaient"...).

Mon arbre de décision se met en marche, des tas d'idées liées au "choc de la révélation" affluent en vrac et dans le désordre : Se sentent-elles coupables de nous avoir surpris ? Pensent-elles que papa fait du mal à maman vu les bruits **curieux** que celle-ci émet ? Un copain de prépa m'avait aussi parlé des arachnophobies qui se déclaraient après avoir vu, dixit, "le monstre à huit pattes dans le lit de ses parents".

On compile le tout, en essayant de sourire d'un air aussi détendu que la situation le permet et pendant que Mon Mec passe discrétos d'une configuration superposée à une configuration bi-latérale. Et on répond, de façon tout auss détendue que le sourire :
- Oui oui, mes chéries, tout va bien.... (et l'arbre de décision inside : "'tain merde, ça fait trop la femme battue qui tente de se justifier, non ?" ). On faisait des câlins avec papa. Mais qu'est-ce que vous faites debout à cette heure-ci ? (ou comment faire diversion et tenter de changer de sujet).

Elles nous sourient d'un petit air entendu et gêné "On avait entendu du bruit, ça nous a réveillées". "Ok, bon allez vous coucher maintenant, il est tard". Héloïse est un peu hésitante, mais en même temps, vu le terme que je viens d'utiliser il y a 10 secondes pour expliquer ce que je faisais avec leur père, je ne me sens pas de lui dire de venir nous faire un câlin avant d'aller dans son lit (and inside "CL, arrète de te prendre la tete!").

Je réitère un "Tout va très bien" avec un sourire que je souhaite rayonnant et détaché (penser à prendre des couprs de théatre". Elles retournent se coucher. Et de notre coté BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIP.

Lendemain matin, toutes les trois dans la salle de bain. Arbre de (non)décision en action, je m'interroge. Est-ce que, si je me tais,  mon silence est suspect ? et si, au  contraire,  je leur en parle, est-ce que j'insiste trop ? (et QUI a dit qu'il fallait se fier à son instint maternel, hein ? L'est où, là, l'instinct ?!).

Je lance un sobre "Les filles, je m'excuse de vous avoir réveillées hier soir". Et vues les réactions, je me dis que j'ai bien fait d'aborder le sujet ce matin. Les deux me ressortent leur sourire gêné mais entendu. Avec des question qui me prouvent que le sens du mot "entendu" reste à définir.

Héloïse, comme à chaque fois, laisse sa verbo-moteur de grande soeur exprimer toutes ses interrogations et fait semblant de se coiffer mine de rien les écoutilles toutes ouvertes (si si, Héloïse, ça se voit !)
- Est-ce que tu avais mal ? Quand je me fais mal, moi, je fais les mêmes cris que toi (!).
- Non, non ma chérie. Quand les adultes font des câlins et que c'est agréable, on fait des bruits comme ça.
- Ah.

Elle est rassurée. Je lui rappelle le livre sur l'éducation sexuelle expliquée aux enfants et je leur explique que c'est ça qui se passe parfois quand le papa et la maman font l'amour. Ils font parfois des bruits bizarres. Réaction spontanée d'Alexane genre qui me prend en flagrant délit de mensonge:
- Mais... avec papa, vous faisiez des câlins ou vous faisiez l'amour ?
Pfffffff... On a beau savoir que c'est de notre devoir de les éduquer un minimum là-dessus, je me sens quand même un peu gênée là (chacune son tour !).
- Ben heu... c'est quoi la différence pour toi ?
- Ben, quand on fait l'amour, c'est pour faire des bébés.
Ah d'accoooord.
- Hum... en fait c'est la même chose. Nous, on faisait surttout des câlins hein.

Et mon Héloïse, qui se croit aux chiffres et aux lettres, de conclure :

- Donc, tu as fait 3 fois l'amour pendant toute ta vie.

[elles deux, plus une fausse couche dont je leur ai parlée il y a longtemps]

CQFD.

Comments

[flo]

je crois que ça nous est tous arrivé un jour... mais pourquoi ça nous gêne tellement alors que c'est si naturel?